Le registre de vaccination du BCG

Une dame en train de compléter des fiches de vaccination. Photo : Henri Paul

Le programme de vaccination au BCG débute en 1926 au Québec. De 1949 à 1974, les nouveau-nés et enfants d’âge scolaire sont vaccinés systématiquement contre la tuberculose. Ce programme est organisé, mais il n’était pas universel. Ce programme de vaccination chez les nouveau-nées et les écoliers voit le jour à la suite des recherches effectués par Armand Frappier sur le vaccin BCG. L’Institut de microbiologie et d’hygiène de l’Université de Montréal (IMHUM) était le seul producteur de ce vaccin au Canada durant plusieurs années.

Dès 1926, un registre de vaccination au BCG est créé. Ce registre a pour but de valider l’efficacité du vaccin et de s’assurer de son innocuité à court, moyen et long terme pour la population vaccinée. De plus, le registre permet de faire le suivi de la vaccination de la population. Ce registre en est venu à compter 4,2 millions de certificats de vaccination à la fin de son utilisation en 1993. Les certificats sont indexés et classifiés par ordre alphabétique. Pour ce faire, les certificats de vaccination sont envoyés au central des archives de l’IMHUM et leur traitement est fait sur place.

En 1949, le fichier BCG se trouve au Service de médecine préventive de l’IMHUM. En 1951, on débute la construction du laboratoire de statistiques mécanisées pour le fichier BCG. Ce laboratoire fait partie du projet de l’annexe de Laval-des-Rapides. À cette époque, le fichier est constitué d’un peu plus de 1 million de fiches. On pouvait s’adresser aux responsables du fichier BCG afin de savoir si un sujet avait déjà été éprouvé ou revacciné, et ce dans un court laps de temps. Cet exploit est rendu possible grâce aux travaux des opératrices de la salle de mécanographies et au laboratoire de système de statistiques mécanisées de l’IAF.

Avant de penser à utiliser le système de statistiques mécanisé pour repérer rapidement l’information voulue, il a fallu constituer le fichier. La charge de travail colossal que demandait l’élaboration du registre était assumée par des femmes. Annuellement, au plus fort de la campagne de vaccination au BCG, c’est entre 120 000 et 155 000 certificats de vaccination qui sont émis au Québec et qui doivent être traités par ces femmes.

Opératrices des machines permettant la mécanographie.  Source : INRS, Archives de l’Institut Armand Frappier. Photographe : Armour Landry (droite) et Henri Pasul (gauche).

.Les informations contenues dans les carnets de vaccination doivent tout d’abord être consignées sur des cartes à perforer. Cette étape permet la mécanisation du processus d’indexation et de tri grâce à la mécanographie. Sur les photos ci-dessus, vous pouvez observer à gauche la chaîne de traitement que nécessitait l’accomplissement du traitement documentaire mécanique. On peut aussi voir que les personnes opérant les machines liées à la mécanographie sont toutes des femmes. Sur la photo de droite, on peut observer une jeune femme en train d’opérer le tri des cartes perforées grâce à une trieuse mécanique.

En 1963, le fichier BCG est transféré à la division de la tuberculose du ministère des Affaires sociales du Québec. Cependant, le Service de médecine préventive de l’Institut continue de répondre aux demandes d’information en provenance des hôpitaux ou des médecins de la province. Le 1er janvier 1989, le fichier BCG est transféré à l’IAF par le ministère des Affaires sociales du Québec. Le fichier BCG reste à ce jour la propriété de l’INRS-AFSB.

Les fiches du registre datant de 1956 à 1992 sont numérisées en 2010 par une équipe de chercheurs en épidémiologie de l’INRS. C’est ce qui nous permet maintenant de faire des recherches d’information poussées dans la base de données du registre BCG. Une grande partie de ce travail est encore une fois confié à des femmes. C’est grâce au savoir-faire de ces femmes ainsi qu’au travail des différents chercheurs de l’INRS que le fichier BCG et son utilité sont maintenant reconnus mondialement.

En effet, le registre de BCG est un outil de recherche qui encore à ce jour est utilisé afin de mener de nouvelles recherches par des chercheurs en santé publique, entre autres pour des études de nature épidémiologique.


Texte réalisé par Isabelle Racine dans le cadre de son stage en techniques de la documentation à l’INRS (mars 2021)